Mon épopée en terre québécoise

Date
24 septembre 2021

Il m’a souvent été demandé les raisons de mon départ de France et celles de mon arrivée au Québec. Face à cette question en apparence si simple, aucune réponse ne me venait naturellement en tête. Immigré pour les uns, émigré pour les autres, mon identité culturelle fut sens dessus dessous. Pourtant une sérénité me portait.

J’ai découvert à Montréal une facette de la langue française qui m’était jusqu’alors inconnue avec un accent, une musicalité qui peut surprendre au premier abord. L’accent des rois de France à en croire les livres d’histoire, mêlé à une influence anglophone joliment rapportée à une traduction française, voici le Québécois.

Vie estudiantine

Mon diplôme du secondaire en poche, c’est à la rentrée 2015 que la Faculté des arts et des sciences de l’Université de Montréal m’ouvrit ses portes pour une initiation à la science économique et à la science politique.

À la croisée des chemins d’étudiants du monde entier, Montréal regorge d’une diversité fascinante. J’ai découvert la frénésie de la rentrée universitaire où les gens vont vite, ne prennent pas forcément le temps et se précipitent à toute allure vers leur salle de classe. Le cours de l’année passant, les couloirs deviennent de plus en plus des lieux où les étudiants s’arrêtent et discutent ; le calme et la sérénité s’installent peu à peu, la camaraderie et les amitiés se construisent.

Et puis, il y a ces professeurs, ceux que l’on essaye parfois d’oublier, mais surtout ceux que l’on n’oubliera jamais. Certains cours s’inscrivent dans la continuité d’une réflexion, certains nous bouleversent, nous changent, et d’autres nous ennuient. Voilà ce qu’est la vie estudiantine : une bataille parfois, une promenade souvent.

Loin d’être le stéréotype du parfait élève assidu et rigoureux, je me retrouvais davantage dans la contemplation, l’analyse et la réserve. Progressivement je commençais à m’impliquer, à prendre à cœur cet apprentissage et comprendre la nécessité des études pour se projeter dans le monde professionnel.

Ce qui m’a immédiatement frappé fut la grande ouverture des professeurs et l’importance qu’ils accordent à la réussite des élèves en accordant une attention particulière aux points de vue divers et variés, ainsi qu’à la satisfaction des méthodes d’enseignement.

Une certaine liberté est accordée aux professeurs dans la construction de leur cours, et permet ainsi aux élèves de choisir, dans la mesure du possible, les méthodes d’enseignement qui leur conviennent le mieux. Que ce soit par simple devoir déontologique ou par réelle préoccupation, cette écoute fut grandement appréciée. Cela révèle peut-être l’importance que représentent les élèves aux yeux du corps professoral et illustre la valeur de transmission du savoir à merveille.

Montréal m’avait dès lors séduit.

Vers la vie professionnelle

Le récit de ma vie estudiantine que je vous ai présenté plus haut s’est avéré semblable en termes de valeurs et de transmission dans le monde professionnel qui s’est ouvert à moi. La jeunesse représente une force à enrichir et non une concurrence pour la génération précédente. Voilà le sentiment que j’ai pu retenir de mon entrée dans la vie professionnelle. Ma nationalité n’a pas été un obstacle à l’embauche.

Mes superviseurs de stage ainsi que mes premiers employeurs m’ont poussé au travail et à la réussite, mais m’ont toujours donné un environnement sain, respectueux et motivant. Inutile de préciser que ce que je relate ici ne traduit que mon expérience propre et celles d’amis et de connaissances.

C’est autour d’un café et d’une petite mignardise que j’ai obtenu mon projet de maîtrise en entreprise (expérience doublement supervisée avec un pied en organisation et un autre à l’Université). Une confiance s’est établie par l’oralité, en discussion, et a placé les lignes strictes de mon curriculum vitae en second ordre d’importance.

Lors des différents entretiens d’embauches que j’ai eu l’occasion de mener, nous tentions réciproquement de déterminer s’il y avait une affinité respective à travailler ensemble. L’épanouissement au travail semble être une valeur clé, non sans être gage de productivité.

Ma première expérience professionnelle dans une organisation offrant des produits et des services d’intelligence artificielle m’a ouvert les yeux sur un domaine qui m’était encore étranger. J’ai vu des profils imaginatifs et créatifs venant des quatre coins du monde. J’ai eu la chance de croiser des personnalités multicolores qui m’ont enrichi et questionné.

Montréal m’a dès lors convaincu.

Montréal

Montréal, c’est la francophonie. De la bouche de Français, Maghrébins, Subsahariens, Polynésiens, la langue de Molière retentit. La langue de Shakespeare n’est cependant pas en reste et amène une ouverture sans borne aux quatre coins du monde.

C’est entre le quartier de Parc-Extension et de la Petite Italie que j’ai trouvé mon foyer. Des voisins italiens sur le côté, une grand-mère grecque sur le dessus, des épiceries indiennes et maghrébines, une boulangerie chilienne et une pâtisserie italienne : autant de possibilités qui font le charme d’un quartier. Une multitude de langues raisonnent dans les rues.

Montréal, ville où l’intelligence collective n’y est pas artificielle. L’art et la science tentent d’avancer ensemble. Les entrepreneurs et les artistes laissent leur créativité s’emparer des bureaux et des façades de la ville. Le dynamisme des entrepreneurs conteste sans cesse les besoins industriels et sociétaux. Les artistes se questionnent quand ils activent leur créativité et exposent leur personnalité aux Montréalais et aux voyageurs.

Tout ce qui fait la beauté de cette ville réside dans cette harmonie qui entremêle travail, loisir, sérieux et décalage.

Montréal est belle de nuit comme de jour ; une ville qui en cache, à vrai dire, plusieurs.

Les points de vue exprimés dans cet article sont ceux de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement ceux de Montréal International.