Faire son épicerie à Montréal
Nouvel arrivant à Montréal? Tu vas sûrement entendre tes camarades, tes collègues, des amis te dire qu’ils vont faire « l’épicerie ». Cela veut tout simplement dire « faire les courses », comme on dirait en France.
J’ai rejoint la mégalopole québécoise en septembre pour faire un diplôme en études de l’alimentation. Disons que la bouffe, j’en connais un rayon!
Je te partage ici mes premières impressions et expériences pour te faciliter l’acclimatation culturelle à travers cette tâche si banale et pourtant essentielle : les courses.
Le point linguistique
L’expression québécoise ne doit pas être confondue avec « magasiner ». « Faire l’épicerie » désigne les achats alimentaires, de subsistance. « Magasiner » tient plus de l’activité récréative ; on magasine lorsqu’on fait du shopping. Tu verras, le québécois est plein de subtilités, mais les quiproquos et les bons fous rires t’apprendront ces expressions.
Où faire ton épicerie?
Après avoir habité à l’étranger, en Espagne, en Suède et maintenant au Canada, je dirais que le fait de faire ses courses à l’étranger est une expérience qui va crescendo.
Au début, c’est très déstabilisant de se retrouver face à des étals pleins de produits parfois inconnus. Le simple fait de choisir vers quelle enseigne se tourner peut-être un casse-tête. Je te propose de te guider dans cette mission en te donnant mes astuces préférées et mes premiers retours.
Les enseignes généralistes
Par enseignes généralistes, j’entends les supermarchés, moyennes et grandes surfaces. À Montréal, tu trouveras les marques Métro, IGA, Maxi, Provigo et Super C. Si tu souhaites traquer les petits prix, les good deals et les grandes quantités, il peut t’être avantageux d’aller faire un tour chez Costco. Cette enseigne a la spécificité de vendre des produits en gros dans ses magasins d’entrepôt, situés en général en dehors du centre-ville. Plus pratique si on est véhiculé.
Dans ces supermarchés, tu trouveras vraiment de nombreux produits de subsistance, ainsi que des produits frais. Pour les fruits et légumes, le poids est indiqué en livres. Cela représente un peu moins d’un demi-kilo.
À Montréal, il m’est arrivé de trouver des enseignes comme Marchés Tradition, Marché Richelieu et InterMarché (si tu es Français, non, ça n’a rien à voir avec les fameux Mousquetaires. J’ai cru rêver en arrivant, mais ce ne sont pas les mêmes).
Les enseignes indépendantes
Montréal recèle de petites épiceries indépendantes qui favorisent de plus en plus les fournisseurs locaux. J’ai eu l’occasion d’en découvrir plusieurs et j’ai déjà mes habitudes dans mon quartier (Rosemont – la Petite Patrie) avec l’épicerie des Récoltes. La plupart des produits sont québécois ou canadiens ce qui permet de faire plein de découvertes gourmandes. Les plus petites enseignes offrent l’avantage de vibrer au rythme du quartier dans lequel elles sont implantées. Cela donne vraiment un sentiment de proximité et de vie de quartier. De plus, nombreuses sont celles qui proposent des services de cueillette (le click and collect québécois) et de livraison. Pratique, non?
Les marchés publics de Montréal
En quête de produits frais, locaux dans une atmosphère de marché du village? Les marchés publics de Montréal sont les lieux parfaits pour toi. Au nombre de 5, ils sont disséminés sur l’île de Montréal, ce qui fait qu’il y en a forcément un à côté de chez toi. Il y a le marché Jean Talon, un des plus gros marchés d’Amérique du Nord, le marché Atwater, le marché Maisonneuve dans le quartier d’Hochelaga et le marché Lachine.
Les marchés publics sont un bon moyen de trouver des produits frais, faits ici, à des prix abordables et dans une ambiance qui respire la bonne humeur québécoise.
Les magasins spécialisés
Par spécialisés, j’entends les magasins de vrac et « santé ». Si tu consommes des produits bio, sans gluten, ou que tu veilles à avoir une consommation plus responsable, n’hésite pas à aller découvrir les enseignes comme Rachel Berry et Mega Vrac.
Dans ma première coloc, un Français installé depuis 10 ans ici m’a fait goûter une tartinade aux olives de Méga Vrac et je suis tombée raide dingue de ça! Donc, je suis allée dans le Méga Vrac le plus proche de chez moi et j’ai ouvert mes chakras à la consommation en vrac. De nombreuses options de vrac sont disponibles à Montréal, indépendante ou non.
Pour ce qui est des fruits et légumes bio, si je peux te partager un bon plan, dirige-toi sur l’une des avenues les plus connues de Montréal, l’Avenue Mont-Royal pour aller chez Passion Fruits. Je n’avais jamais vu autant de beaux produits à un si bon prix!
Les dépanneurs
À Montréal, comme dans tout le Québec, tu trouveras des « micro-épiceries », appelées ici des dépanneurs. Souvent, ces magasins sont combinés à des stations-essence. Dans les dépanneurs, tu peux acheter des produits de premières utilités comme de l’eau, du lait, du pain, des piles et du café. Tout comme du vin bon marché et des bières. De première utilité, on a dit!
Tu repéreras rapidement le nom des chaînes les plus répandues : Couche-Tard, Provisoir, Voisin, Dépanneur du Coin, etc.
Les pharmacies
Oui, oui, j’ai bien mis les pharmacies dans cette liste. Pourquoi? Tout d’abord, car tu y trouveras tout ce qui concerne les produits d’hygiène corporelle, quelques produits ménagers et bien sûr de santé. Certaines enseignes parmi Jean Coutu, Pharmaprix, Familiprix ou Uniprix vendent également quelques produits alimentaires. Ce n’est clairement pas ce que tu trouveras de meilleur marché, mais ça dépanne si tu as une pharmacie près de chez toi.
Pour ton information – et parce que j’ai longtemps cherché avant de comprendre, sache que c’est dans les pharmacies que tu trouveras le service de Postes Canada ! De rien, « ça fait plaisir » !
Pour les nostalgiques
Si tu es Européen et que par une journée d’hiver à -25 °C, tu as le mal du pays, Montréal a toujours la solution pour toi ! Voici, en vrac, quelques adresses pour goûter des produits aux saveurs de ton pays d’origine : Top Discount (France), La Librairie espagnole (Espagne), Fruiterie Milano (Italie), Boucherie-Epicerie Soares & Fils (Portugal), Boucherie Atlantique (Allemagne, Autriche) et enfin La Vieille Europe.
Quelques conseils pour tes premières courses
Maintenant, laisse-moi te guider à travers 4 conseils clés pour démarrer ton épicerie les premières fois.
Premièrement, c’est d’accepter que tout ne puisse pas être pareil ou que tout puisse ne pas goûter pareil qu’ « avant ». Vivre une expatriation, c’est aussi s’ouvrir à découvrir de nouvelles saveurs, de nouveaux usages et coutumes!
Ensuite, je te dirais de faire étape par étape, c’est-à-dire de ne peut-être pas aller chez Costco et les grandes quantités dès le début. Expérimente, vois ce qui te plaît, quelles quantités il te faut pour regorger d’énergie dans ta nouvelle vie à Montréal. Plus que tout le gaspillage alimentaire est un enjeu et on a tous notre pierre à l’édifice à apporter.
Si tu as besoin d’un guide pour savoir quels sont les basiques à avoir dans ton nouvel appartement, je t’invite à aller jeter un coup d’œil à ma liste de base sur mon blogue dédié à l’alimentation.
Au sujet du gaspillage, voici mon troisième conseil. Ou plutôt information. Ici, pour guider les consommateurs sur la fraîcheur des aliments, les produits ont la mention de « meilleur avant ». Cela indique la fraîcheur de l’aliment, garantit que l’aliment a la couleur, la texture, les valeurs nutritives optimales. Cette mention est obligatoire sur tous les produits périssables en 90 jours ou moins. Elle n’est plus valable une fois le produit ouvert. Cela équivaut un peu à la date limite de consommation optimale en France, la DLUO.
Enfin, dernier conseil et pas des moindres : pense aux taxes! Au Québec, il existe deux taxes à la consommation : la TPS pour un taux de 5 % et la TVQ pour un taux de 9.975 %. Elles sont généralement perçues lors de la vente ou de la fourniture de biens et services. Majoritairement, tous les prix sont donnés hors taxes au Québec et cela vaut pour l’alimentation aussi.
En règle générale, pars du principe que les produits alimentaires de base destinés à la consommation humaine vendue à l’épicerie sont détaxés. C’est le cas de la viande, des céréales, des fruits, des légumes, des œufs, des pains, des poissons, des produits laitiers. La subtilité, c’est que si tu achètes des produits transformés, ceux-ci seront taxés. Une invitation implicite à cuisiner plus « de zéro » à partir de produits frais? Je dis oui!
Le prêt-à-cuisiner
Si tu trouves le fait de faire ton épicerie boring, je te propose de finir cet article en te parlant des nombreuses options de prêt à cuisiner que tu as à Montréal. Ces marques te proposent de livrer chez toi des produits frais en fonction d’un menu plus ou moins préétabli. Parmi les plus célèbres, tu as Cook it, Good Food, les fermes Lufa et Hello Fresh.
J’espère que cet article te sera utile et que tu prendras plaisir à découvrir Montréal à travers ces enseignes, les chaînes et les indépendantes surtout.
Les points de vue exprimés dans cet article sont ceux de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement ceux de Montréal International.