Étudiante internationale à 33 ans : on efface et on recommence

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Date
12 novembre 2021

Qui ici, ne s’est jamais posé la question : « et si je changeais de vie? » … Très peu d’entre vous lèveraient la main. Alors si vous aviez la chance de tout recommencer, la possibilité de réaliser vos rêves, le feriez-vous?

Ouvrir les yeux

Je suis une Française de 33 ans passionnée par la vie en général. Il y a encore quelques mois, j’avais un emploi stable à la Commission européenne du Luxembourg. Peu gratifiant, mais qui payait les factures. C’était suffisant, paraît-il… Mais pourquoi avais-je le sentiment d’être un lion coincé dans une cage indestructible?

En creusant la question jour après jour, en communiquant avec des personnes ayant les mêmes dilemmes, je me rendis compte que ma cage indestructible était également la leur… La peur et les regrets les enfermaient. Une cage qu’ils avaient eux-mêmes construite et plutôt que de l’éliminer petit à petit, ils la renforçaient, car « c’était la vie », cela demandait moins d’efforts ou parce qu’il était trop tard.

Cela m’ouvrit les yeux! Toutes ces années, j’ai toujours eu la possibilité de réaliser mes rêves, mais je me suis toujours moi-même empêchée de les concrétiser. Pourquoi? Parce que c’est effrayant! Parce que cela demande de sortir de sa zone de confort sans aucune garantie de réussite!

Pourtant, la recette est simple : on plaque tout, on remonte ses manches et on travaille dur! C’est ainsi que je suis redevenue étudiante et que j’ai intégré le NAD-UQAC, une école d’animation 3D à Montréal.

L’international? Pourquoi pas ?

Je n’ai pas eu la chance de beaucoup voyager par le passé et en construisant mon projet, je me suis rendu compte qu’il était possible d’intégrer une école de renommée mondiale au Québec. C’était une chance unique de pouvoir me créer un avenir solide et de voyager en même temps. Tant qu’à changer de vie, autant y aller à fond!

La phase pré-départ a été très difficile à vivre; j’ai eu à me séparer de tout ce que j’avais mis des années à construire. L’immigration a également été une épreuve, car mon CAQ m’avait d’abord été refusé et en faire la demande pendant la pandémie a été un ascenseur émotionnel qui dura plusieurs mois.

Mais cela en valait la peine, car, depuis que je suis ici, je m’émerveille chaque jour. J’ai l’impression de voir ce qui m’entoure avec un éblouissement constant. Il paraît que c’est temporaire et que l’habitude viendra ternir ce regard, mais je pense au contraire que cette ville peut alimenter mes passions.

Montréal, c’est la démesure comparée à ce que je connaissais jusqu’à présent! Je peux faire du hockey le matin, aller manger Thaïlandais le midi, faire du lancer de hache l’après-midi, aller écouter l’Orchestre symphonique de Montréal le soir, puis admirer les projections murales et les artistes de rue dans le Quartier des spectacles lors d’une balade nocturne.

C’est aussi un espace cosmopolite incroyable où la tolérance n’a pas besoin d’être nommée, car elle est naturelle. J’ai été très surprise de remarquer à quel point le respect est présent dans cette ville.

 

Des études après 30 ans : bonne idée?

Reprendre ses études après avoir quitté la sphère scolaire depuis plus d’une dizaine d’années n’est pas chose aisée. Notamment lorsque vous avez pris les habitudes de la vie active. De plus, votre maturité vous offre un recul différent sur la manière d’appréhender les cours, de réaliser vos devoirs, d’envisager votre avenir, etc. Les enjeux sont distincts même si l’objectif est le même que celui des autres étudiants.

Lorsque nous avons vingt ans, nous avons toute notre vie à modeler, nous prenons notre temps et nous profitons de l’instant. Se tromper de parcours n’est pas un problème, car cela permet d’apprendre à se connaître et d’évoluer. Tandis que lorsque nous sommes trentenaires, nous avons un regard différent sur le temps qui s’écoule. Nous avons ce bagage supplémentaire que je me plais à nommer « la fatigue de la vie », car oui, il s’en passe des choses en plus de dix ans.

Lorsque j’entends parler mes jeunes acolytes, je me rends compte du fait que je ne suis pas de la même génération. Ce qui est génial, c’est qu’ils prennent le temps de m’intégrer à leur monde, de me « mettre à la page ».

Je n’étais pas inquiète concernant mon insertion avec mes camarades de classe, mais je me demandais si les étudiants auraient des difficultés à me voir comme une des leurs. Et la réponse est : non! Je vis pleinement ma vie étudiante, certainement encore plus que lorsque j’avais dix-neuf ans, car je fais ce que j’aime réellement pour une fois. Elle est belle, la crise de la trentaine!

Étudier au Québec

J’ai été très surprise de découvrir que je n’avais que dix-huit heures de cours par semaine. En France, mes cours se rapprochaient plus de vingt-cinq à trente heures hebdomadaires. Cependant la charge de travail personnelle ici est bien plus importante que celle que j’avais en France. Les filières sont totalement différentes certes, donc je n’ai pas de réel point de comparaison, mais je comprends à présent pourquoi les universités canadiennes sont si réputé mondialement. Impossible ici de se reposer sur ses acquis.

La manière d’enseigner est plus familiale aussi. Je prends beaucoup plus de plaisir à suivre mes cours au NAD-UQAC que tous ceux auxquels j’ai assisté auparavant. Les enseignants ont à cœur l’intérêt des élèves et de les faire progresser avec humour et bonne humeur. Ils ne se contentent pas de réciter machinalement leurs notes. Ils veulent un échange et sont disponibles en-dehors de leur temps de travail pour nous aider au besoin.

De plus, ce que je trouve extraordinaire ici, c’est que la créativité et l’investissement des élèves dans la vie étudiante sont récompensés par l’engouement du corps administratif à prêter les locaux lorsque les étudiants le demandent pour des événements.

Est-ce que je regrette mon choix?

Pour conclure, je vous dirais que tout quitter pour reprendre mes études a été la meilleure décision que j’ai prise. Je suis enfin en accord avec moi-même. J’ai suivi ce que mon cœur me disait de faire et j’ai arrêté d’écouter les gens qui projetaient leurs propres peurs sur moi. Devenir acteur de sa propre vie demande des efforts, beaucoup de stress et des nuits blanches, mais c’est un investissement sur soi-même qui en vaut la peine, car vous ne serez plus ce lion en cage qui voit sa vie passer sous ses yeux. Faites ce dont vous rêvez, vous en êtes capable! Et n’oubliez pas : ce n’est pas de la chance, c’est votre travail passé qui se voit récompensé!

Vivre sa vie avec des étoiles pleins les yeux, c’est possible!

Les points de vue exprimés dans cet article sont ceux de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement ceux de Montréal International.