De Karachi, au Pakistan, à Montréal

Date
26 août 2019

Plonger dans l’inconnu

C’est en février 2019, à mon huitième mois de grossesse, que j’ai reçu l’excellente nouvelle : j’étais acceptée au programme de doctorat en histoire de l’art à l’Université Concordia. Le jour où je devais obtenir une réponse, je vérifiais sans cesse dans ma boîte de réception. Lorsque j’ai lu le courriel tant attendu, cela relevait presque du miracle.

Bien entendu, ma famille était particulièrement heureuse et m’a sautée au cou. Une fois que les célébrations se sont calmées et que j’ai réalisé l’ampleur de mon projet, la peur de l’inconnu a surgi. Partir en vacances quelques jours et revenir à la maison par la suite est une chose, mais aller vivre à l’étranger, avec un bébé en prime, en est une autre. Comment s’habille-t-on en hiver? Peut-on vivre dans un studio avec un bébé? Combien coûte la garderie? Y a-t-il des magasins pakistanais?

J’ai donc fait ce qu’aurait fait toute personne dans ma situation : je suis allée sur Google et j’ai tapé « Bombay Biryani Masala à Montréal ». J’ai été agréablement surprise des résultats de recherche. Ah, quelles merveilles incroyables recèlent les villes multiculturelles!

J’ai ainsi amorcé ma préparation pour Montréal sur cette note positive.

Devenir une étudiante à Concordia

C’est une amie fraîchement diplômée d’un programme de doctorat qui m’a donné l’idée de faire une demande d’admission à Concordia. L’expérience qu’elle a vécue, sa relation avec un superviseur qui comprenait son travail, a touché ma corde sensible.

Je dois avouer qu’à ce moment-là, j’avais en tête l’image stéréotypée des Canadiens gentils et accueillants, qui fait l’objet de parodies à la télévision américaine depuis des lustres. J’ai pu confronter cette image à la réalité.

En effet, mes professeurs, mon conseiller et les nombreuses personnes qui faisaient partie de l’Université Concordia s’empressaient de m’aider et étaient très généreux de leur temps. Je n’arrivais pas à le croire. Personnellement, je sais que ce serait utopique ou invraisemblable de vivre ce genre d’expérience dans mon pays d’origine.

Se préparer pour le grand départ

À mesure que la date de départ approchait pour mon mari, ma fille et moi, le cycle vicieux du chantage affectif concernant le bébé a commencé, ce qui m’a quelque peu bouleversée.

Au cours des semaines précédant le départ, mon père a suivi une « formation » pour s’habituer à « vivre sans le bébé », ma mère essayait d’être témoin du plus grand nombre possible de « premières fois » de ma fille et j’ai dû promettre de lui enseigner ma langue maternelle, l’ourdou, entre autres choses. On m’avait aussi fait promettre d’acheter une marchette dès que j’arriverais à Montréal. Pas besoin de dire que ma mère a été choquée d’apprendre qu’elles étaient interdites au Canada. Je n’ai réussi à apaiser son mécontentement qu’en lui proposant de nombreuses solutions de rechange.

La première semaine à Montréal

Au moment où j’écris ces lignes, je suis à Montréal depuis une semaine. J’ai survécu à un vol de 24 heures avec un bébé, je me suis perdue, j’ai pris le mauvais autobus et j’ai raté mon arrêt un nombre incalculable de fois. J’ai découvert la complexité du monde de l’immobilier montréalais et j’ai fini par trouver mon « chez-moi ». J’ai magasiné au IKEA, je suis allée au marché et j’ai eu la chance d’emmener mon bébé au parc plus d’une fois. Je suis surprise de la gentillesse et de l’esprit des gens de Montréal. Je me trouve au carrefour de plusieurs types de culture, de cuisine, d’arts, de langues et d’identités.
Et alors que les choses commencent enfin à se placer et que la routine s’installe, la vie prend une nouvelle forme et l’inconnu devient beaucoup moins effrayant.

À suivre dans 6 mois…

Les points de vue exprimés dans cet article sont ceux de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement ceux de Montréal International.