Chroniques d’un apprenti montréalais

Date
12 août 2019

Lorsque Je choisis Montréal a demandé aux étudiants internationaux de relater leur expérience montréalaise, j’ai sauté sur l’occasion de redonner à cette ville une partie de ce qu’elle a su m’offrir.

Jour 1 : premières bouffées d’air montréalaises

Ça y est! Tu poses enfin les pieds sur le territoire canadien après sept heures passées devant un hublot bien trop étroit face à l’immensité du ciel. Tout aussi déstabilisé par ce long voyage qu’excité par la nouvelle aventure qu’il promet, tu profites déjà de l’accueil chaleureux que l’on réserve aux étudiants internationaux via le programme gratuit Accueil Plus. Une brève inscription en ligne te permet d’entrer en contact avec des étudiants qui ont connu les mêmes états d’âme que toi à leur première arrivée à Montréal.

À l’aéroport, ils te guident vers une ligne rapide réservée aux étudiants pour récupérer facilement ton permis d’étude; le tour est réglé en une dizaine de minutes. Le sourire jusqu’aux dents, ils tentent de répondre à n’importe quelle question qui te traverse l’esprit : logement, manières de se rendre en ville, endroits où manger un morceau, et tout simplement discutent avec toi pour briser la solitude naturelle qui a accompagné ton départ.

D’ailleurs, ils te proposent aussi d’appeler ta famille depuis un téléphone fixe qu’ils mettent gratuitement à ta disposition. En bref, tu te sens privilégié d’obtenir un accueil aussi chaleureux, qui va jusqu’à te rappeler l’hospitalité qui fait la fierté de ton pays.

Jour 3 : à la recherche d’un nid douillet

Les valises lourdes comme le coeur, tu te mets à chercher un petit cocon où les déposer pour les mois qui suivent. Les souvenirs hantés par les terreurs administratives de la ville dans laquelle tu habitais précédemment (sans citer de nom : Paris), tu redoutes déjà cette dure épreuve. Mais à ta grande surprise, celle-ci s’avère être nettement plus simple que tu ne l’imaginais.

En effet, il te suffit de te balader dans les coins où tu souhaites loger pour y trouver bon nombre d’annonces à louer.

Tu cherches ainsi un logement à côté de l’Université de Montréal et en profites pour découvrir les environs de l’endroit où tu comptes habiter. Tu passes à côté des maisons et notes les numéros de téléphone sur les pancartes « à louer » que tu croises. En une petite vingtaine de minutes, tu en as déjà une dizaine. Pas étonnant étant donné la présence massive d’étudiants dans le quartier de Côte-des-Neiges, tout proche de l’Université de Montréal, Polytechnique et HEC.

Les loyers étant très raisonnables, tu penses finalement vivre seul au lieu de chercher une colocation.

Jour 60 : amitiés et sécurité

Malgré tes nombreux voyages, tu t’étonnes de la rapidité avec laquelle tu as pu nouer des relations ici. Le grand nombre de comités associatifs à l’école t’a rapidement permis de rencontrer des personnes qui partagent tes passions; pour toi ce furent l’écriture et le théâtre. Tu as même dû restreindre le nombre de comités dont tu voulais faire partie par peur de ne pas consacrer assez de temps à tes études…

Quelle joie de trouver aussi facilement des amis avec qui partager tes sorties et tes découvertes jusque tard dans la nuit, dans un pays éloigné d’un océan du tien! Et quel plaisir de pouvoir rentrer chez soi sans crainte après une longue soirée, profitant des bus de nuit ou plus généralement du climat de sécurité ambiant à Montréal qui te permet de marcher jusqu’à chez toi sans problème.

Et si une petite (ou grande) faim te démange car tu as oublié d’écouter ton estomac au cours de tes passionnantes péripéties nocturnes, tu profites des multiples enseignes ouvertes 24/7 pour l’assouvir.

Jour 120 : « winter is coming »

Ta première tempête de neige! Tu tires les rideaux ce matin et restes bouche bée devant le spectacle qui s’offre à toi pour la première fois. Le froid que tu redoutais tant est fatalement arrivé, mais c’était sans compter sur l’efficacité des manteaux canadiens. Un proverbe québécois rappelle d’ailleurs sagement « qu’il n’y a pas de mauvais temps, mais que des mauvais vêtements ».

Le froid ne t’empêche pas de vivre pleinement Montréal; entre les musées gratuits le premier dimanche de chaque mois, les activités à prix réduit de Passeport Montréal (carte spéciale offrant des rabais aux étudiants internationaux), les concerts comme Igloofest ou encore la nuit blanche, t’ennuyer ici constitue un véritable défi.

Jour 130 : « finals are coming »

Les examens finaux arrivent à grands pas et avec eux leur lot de stress, de désespoir et de caféine; mais tu te consoles en découvrant à quel point il est facile d’étudier à Montréal, entre les bibliothèques longuement ouvertes (certaines se mettent à ouvrir 24/7 lors des périodes d’examens), la multitude de cafés envahis par des hordes d’étudiants, les emprunts de livres facilités par des ententes interuniversitaires… sans parler de l’accessibilité des professeurs qui tranche avec ce que tu as pu connaître auparavant.

Jour 300 : écriture de l’article

La blancheur nacrée de la neige a rapidement fondu pour laisser place à l’explosion de
couleurs qu’apportent avec elles les fleurs naissantes. Tu observes avec joie que Montréal vit son été d’autant plus intensément que l’hiver fut long.

Les terrasses bourgeonnent de monde et la ville éclot devant tes yeux ébahis. Tu t’assois dans un café pour réfléchir à l’article que tu voudrais écrire sur ton expérience montréalaise.

Tu te remémores les instants passés à Montréal depuis ce qui fera bientôt une année (comme c’est passé vite!) et essaies de résumer tout ça. Mais c’est bien compliqué. Alors tu prends une pause et écoutes ce qui se passe autour de toi.

Lentement tu te rends compte qu’il suffit de retranscrire l’instant présent sur papier pour toucher à l’essence de Montréal; autour de toi plusieurs langues arrivent à tes oreilles, en face des passants se baladent un bagel tout chaud à la main, des femmes aux cheveux de toutes les couleurs se promènent librement, des juifs célébrant shabbat marchent d’un pas vif, des enfants caressent un chien attendant patiemment son maître devant un magasin. Un drapeau LGBT arbore l’enseigne qui se tient devant toi, comme une invitation à la diversité, une ville cosmopolite aux bras ouverts pour accueillir la différence.

Mais le café corsé te monte promptement à la tête et tu ressens le besoin de marcher.

Peut-être faire un tour à Place des Arts pour profiter des concerts de jazz? Ou aller plus tard voir les feux d’artifices de Loto-Québec? Choisir parmi la foule de parcs à côté pour lire et te reposer tranquillement? Aller au cours de yoga gratuit du parc Baldwin? Te balader au marché Atwater et découvrir un nouveau produit, finalement la seule activité qui nécessiterait de sortir ton porte-feuille?

Bref arrêter d’écrire Montréal pour aller la vivre.

Les points de vue exprimés dans cet article sont ceux de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement ceux de Montréal International.